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Avec humour et entrain, Système solaire et chaise bancale confronte les pensées de Bloch et Morphi. Autant Bloch se contente de ce qu'il connaît, autant Morphi cherche à repousser les limites de leur univers. Surtout que, d'après ce que l'on en sait, celui-ci se réduit à leurs tristes chaises qu'éclaire un sinistre projo inquisiteur, seule lueur en vue dans un océan de ténèbres. Si cet univers étriqué convient à l'un, l'autre s'y sent un peu à l'étroit.

ISBN : 978-2-9532609-8-4
17 × 23 cm
10 €

 

Personnages


- Deux quidams : Bloch et Morphi.
- Un haut-parleur.

 

Décor


- Trio de chaises équidistantes.
- Lorsqu’ils sont assis, Bloch et Morphi sont tournés vers le public de trois-quarts face. La troisième chaise, inoccupée, se situe en retrait des deux premières.
- Jouxtant le haut-parleur, un projecteur suspendu au plafond inscrit sur le sol un disque de lumière fluorescente d’environ cinq mètres de rayon, incluant l’ensemble.
- Au-delà du cercle s’impose l’obscurité la plus totale.


Rien que du noir.
Lumière subite. Bloch et Morphi s’étirent en bâillant.



Le haut-parleur : Taratata taratata ! On se croirait au petit jour mais il n’en est rien. Ce n’est pas plus le matin que le midi ou le soir. Il est n’importe quelle heure, n’importe quel jour et n’importe quelle année.

Bloch : Et le réparateur de chaises qui ne vient pas !

Morphi : Le plafond est en haut ou en bas ?

Bloch : Admettons qu’il soit en haut. Admettons-le une fois pour toutes si nous voulons savoir où nous avons la tête et les pieds. Je récapitule : le plafond est en haut, le plancher est en bas.

Morphi : Malgré nous, l’envers est le jumeau de l’endroit.

Bloch : M’en fous ! À partir de cet instant, celui qui contestera la théorie du plafond en haut et du plancher en bas sera considéré comme un hors-la-loi ! (Il monte sur sa chaise, met ses mains en porte-voix et s’exclame crescendo.) Un dissident ! Un renégat ! Un hérétique ! (Decrescendo.) Un marginal ! Un déviant ! Un zonard !

Morphi : Ça fait un paquet de monde !

Bloch : On se sent moins seul ainsi.

Morphi : N’empêche, c’est une théorie à double tranchant. La droite est pareille à la gauche, la gauche est semblable à la droite. L’une est l’autre et l’autre est l’une, laquelle choisir ? Avoue-le, nous en sommes à la nuit des sens.

Bloch : Dans l’obscurité la plus totale, seule la main du hasard peut nous guider. Il faut bien naître un jour.

Morphi : J’en prends acte. Quelques vérités tissées à la hâte nous servirons de pagne.

Bloch : (Se rasseyant.) Ce charabia me semble bien pessimiste.

Morphi : C’est en se couvrant de mensonges que le singe devient homme.

Bloch : Tu es nihiliste comme un pou ! Ouvre la fenêtre, j’ai besoin de penser à autre chose.

Morphi : (Explorant le cercle.) Je ne vois ni porte ni fenêtre pour s’en sortir. Autour de nous, c’est la nuit noire sans concession. Là-dedans, ni vent, ni oxygène. Pas un ion de lumière.

Bloch : Ce sont les ténèbres, tout simplement. Ce sont les ténèbres.

Morphi : Ce n’est pas une explication.

Bloch : Chut ! Les explications me pèsent, me fatiguent, m’étouffent ! Le silence nous servira de courant d’air, taisons-nous.

Bloch ne bouge plus le petit doigt.
Morphi reste debout, immobile.
Un temps.


Morphi : Le silence me chuchote quelque chose à l’oreille… serait-ce ma propre voix qui m’appelle ?

Bloch : Cette voix contient-elle du son qui ait du sens ? Que dit-elle ?

Morphi : C’est qui, moi ? C’est où, là ? Pourquoi ...

Bloch : Oh la ! Oh la ! Pourquoi veux-tu savoir tout ça ? Es-tu si malheureux ?

Morphi : Quoi c’est la vie ? Quoi c’est la mort ?

Bloch : Je n’en sais rien ! Je n’en sais rien !

Morphi : Faut-il pour autant éviter tout questionnement ? Doit-on, d’entrée de jeu, rendre sa langue au chat, remettre son âme à Dieu ?

Bloch : Évidemment ! Je suis rincé, moi ! Je regarderais bien un navet à la télé.

Morphi : Déjà ? Défaitiste ! On vient à peine de commencer.

Bloch : Commencer quoi ?

Morphi : Notre existence, pardi !

Bloch : (Après un cri d’indignation.) Quelle indécence ! Quelle mièvrerie ! Existence… ce mot m’écœure. Comme il est déprimant !

Morphi : « Existence », ça te déprime ?

Bloch : Ça me stresse, ça m’exaspère. (Il fait le tour de sa chaise et se rassoit.) On devine à plein nez l’attrape-nigaud.

Morphi : Un seul mot capable de te mettre dans un état pareil ?

Bloch : Tu prononces rien que les deux premières syllabes, réaction immédiate, ça fait comme un précipité, la moutarde me monte au nez, j’ai envie de t’arracher les yeux !

Morphi : (Reculant d’un pas.) Compris, n’en parlons plus.

Bloch : C’est ça, n’en parlons plus.

Morphi : Je retourne m’asseoir. (Il s’exécute.) J’ai un léger étourdissement dû probablement à une trop longue station debout.

Bloch : C’est une sage décision. On ne devrait jamais quitter sa chaise.

Morphi : (Se rasseyant.) Comme il est réconfortant de reprendre sa place et de se dire qu’on doit se trouver là et pas ailleurs ! (Il tapote sa chaise.) Ah, ma bonne vieille chaise ! Bon, et maintenant, on fait quoi ?

à suivre
...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dernière modification : 18/04/2017 09h57
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